La vie de ma mère

Le film est inspiré de la vie du réalisateur, "parent de son parent", une mère maniaco-dépressive.

On sent qu'il s'est fait "à l'os"...peu de moyens, donc un choix de décor incisif, des séquences toutes essentielles, parfois maladroitement reliées mais qui chacune transpire la volonté de faire film, de donner, partager.

Quatre comédiens, Agnès Jaoui, William Lebghil, Salif Cissé et Alison Wheeler, délicatement reliés dans cette histoire mère-fils.

Sans cesse sur le fil du malaisant, c'est une réussite que de nous mettre funambule au-dessus de cette maladie, la maniaco dépression.

Agnès Jaoui ne s'épargne aucun tic, aucune exagération pour tenter d'entamer le moral hors sol de son fils, détaché, sous contrôle permanent.

La réussite du film est dans la volonté du réalisateur de respecter à la lettre l'ambition d'un scénario : ne pas faire dans la caricature. Quelques plans superflus mais une volonté si forte de laisser la poésie émerger, de laisser le temps faire sensation, sentiments, que l'on ressort du film comme touché de manière invisible, recevant chaque séquence comme une intention juste, volontairement exigeante dans ce qu'elle veut partager et riche d'être comme un don pour le spectateur.

Une mise à nu du réalisateur comme un don.

Il est difficile de construire une vie amoureuse quand on perd pied dans sa relation avec un parent, quand on croule sous les problèmes qu'engendre la maladie, quand la crainte de se laisser aller mène justement à ne plus rien laisser aller.

L'amitié et l'amour, filigranes du film, ont justement cette douce translucidité et force, peu de séquences, mais toutes importantes, essentielles, dans les silences, les non-dits, les regards précis.

Le réalisateur n'a pas peur de montrer, toujours à l'os, l'essentiel du manque, du vide, de la peur. Quelques plans sur des photos, un scoubidou ou une table apprêtée pour l'apéro résonnent longtemps. C'est dans le calme des plans, leur perte de repère aussi que le film dialogue avec la maladie, entre en empathie avec tous les sentiments qu'elle oblige à traverser.

Il y a un hermétisme dans tous les personnages, une retenue que la caméra ne cesse de recueillir et qui paradoxalement nous les rend tous touchants.

Il y a aussi la séquence du café, avec des jeunes, à rebours aussi des clichés mais qui ne s'attarde pas à en faire une leçon de morale.

Un film d'une très grande humilité en même temps que de force, d'une culture qui s'assume, Julien Clerc, Julie Piétri et Arno sont de la bande son.

Comme le dirait Enzo Enzo "Juste un film de bien...le monde à portée de main".





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