Le point de départ du film est une B.D de Camille Jourdy "Juliette-Les fantômes reviennent au printemps". Blandine Lenoir, réalisatrice, s'en empare pour le grand écran.
Très classiquement, le film commence dans un train, avec Juliette, présentée et comprise en une séquence, elle ne va manifestement pas très bien, elle tient...mais sur un fil d'émotion, d'épuisement...il paraît que c'est un film sur la dépression...
Elle arrive à la gare d'une ville de province pour faire une pause, nous avec.
Une pause dans une famille doucement déjantée, où tout fait Cinéma.
Le film est très écrit et c'est dans l'attention à chacune des phrases qu'il prend sa saveur poétique, délicate, incisive. Les corps des acteurs sont aimés, Salif Cissé et sa carrure imposante et bonhomme, jusque dans son prénom "Pollux", qui promène un chien nommé Jean-Claude, Jean-Pierre Daroussin qui sait prendre le temps des répliques, de leurs silences, Noémie Lvovsky qui appuie sur le bouton On de la comédie comme on appuie sur les traits les plus criants d'un personnage pour amener le film juste là où il faut, dans le doux-amer, Izia Higelin qui va juste mal comme il faut, tout en retenue, presque spectatrice comme nous de cet univers poétique, Sophie Guillemin, un corps dans un surmenage familial, amoureuse des costumes farfelus et des corps qui vont avec.
Un film sur l'âge, celui qu'on traverse, celui ressenti, celui où on est, et Liliane Rovère, sac à main avec une bandoulière à sequins, pensionnaire récente d'un Ehpad occulté, juste amoureuse.
C'est une comédie burlesque aussi, les corps chutent, chantent, s'aiment de façon inattendue et toujours à juste distance, celle qui prend le spectateur pour acteur, attentif aux sons, aux sens, aux silences, même les motifs des vêtements parlent ; la costumière Anne Blanchard a pris le ton du film, de ses humeurs et régale les yeux comme la lumière qui cocoone les personnages et les spectateurs.
Le scénario est un peu coupé aux ciseaux, on aime tellement certaines séquences qu'on aimerait qu'elles soient plus longues, plus "pausées" encore, le montage en conséquence semble parfois un peu brutal...on aimerait s'asseoir plus longtemps dans le canapé avec Jean-Pierre Darroussin, rester avec Pollux et ses questionnements, dialoguer avec un canard ou s'installer dans une serre de jardin...
Bref, un film qu'on a envie d'habiter après le mot "fin", ou plutôt le claquement brutal d'un carnet de croquis qui se ferme, parce que Juliette est dessinatrice.
In fine, on se demande si, à l'instar du personnage, le film n'essaie pas de capter un invisible comme on saisit sur une feuille blanche, à force de traits et de couleurs une atmosphère, un temps qui passe.
Ici, un temps doux et lumineux.
Ne ratez pas le train.
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