Django Unchained

Quand tout est cohérent cinématographiquement, tout passe, même si Quentin Tarantino a un goût très prononcé pour le sang jaillissant, bouillonnant, coulant, éclatant, dégoulinant...Alors on s'autorise à fermer les yeux quelques plans (tout le monde n'a pas grandi avec l'effusion sanguinolente comme base de relation entre deux personnes) tout en appréciant pleinement un instant de cerveau cinématographique, celui du réalisateur.

En regardant ce film on se sent comme devant un juke-box : références cinématographiques à volonté et folie jubilatoire (de ne se refuser aucune idée de Cinéma).

C'est un plaisir d'être guidé dans une encyclopédie cinématographique :

Envie de western spaghetti, il y en a la musique
Envie de péripéties haletantes, bienvenue dans une écriture scénaristique tenue
Envie d'une histoire d'amour qui finit bien, c'est juste le dernier plan
Envie d'actions Tarentinesques (sanglantes)...lire ci-dessus
Envie d'un fond historique, l'histoire se passe juste avant la guerre de Sécession, au temps de l'esclavage
Envie d'un parti pris étonnant, Quentin Tarentino propose (entre autre) une réflexion sur la justice et le meurtre

Alors devant le film, on est comme un enfant devant une boîte de jeux. On aurait un ami qui jouerait avec nous à tous les jeux, un par un, et au fond, ce qu'on préférerait, c'est plus l'ami que les jeux. Parce qu'à l'écran, quelle inventivité, second degré, respect du spectateur...Quentin Tarantino fait du cinéma, celui qui fait Semblant, qui fait Grandiose, un poil too much, mais on est en Amérique, la patrie qui a inventé le surhomme.
Car c'est en regardant ce film qu'on peut comprendre comment le cinéma américain est au-delà de l'humain, c'est à dire qu'il dépasse la croyance en Dieu en se prenant pour Dieu. Un homme peut en tuer des dizaines et s'en sortir indemne, on y croit. Dans ce film, Dieu ne juge ni LE bien, ni LE mal, tout le monde est juge du bien et du mal, en s'accommodant des nuances nécessaires pour faire ce qu'il a envie et toujours, triompher des méchants, clairement identifiables en apparence...

Mais parce que Quentin Tarantino est très cultivé en cinéma américain, français ou asiatique, il y a dans ce film quelque chose de précieux : le temps de réfléchir, de laisser chaque personnage nous toucher un peu. Il y a Jamie Foxx, LE héros du film sur lequel on ferait bien « pause » histoire de savourer encore quelques secondes la classe qu'il a quand il met ses lunettes...mais aussi tous les autres personnages, reflets d'une réflexion sur le pouvoir (enjeu principal du film). Avec plaisir et concentration on les accompagne pendant presque trois heures.

Et si vous pensez impossible de rire à propos du ku klux klan, il suffira d'une séquence pour comprendre comment, avec Quentin Tarantino, impossible n'est pas cinéma.








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