S.K1 = Sérial Killer 1
= nom de code de l'affaire Guy Georges durant l'enquête de police.
Frédéric Tellier,
réalisateur, maîtrise tous les ingrédients du thriller américain
sans que cela lui suffise, parce qu'il assume son film en France,
place l'homme à hauteur d'homme et ça fait du bien. Le crime est
celui d'un être humain, l'enquête aussi.
Tous les attendus du film
de sérial killer y sont (ne boudons pas notre plaisir): photos
de scènes de crime (un peu nombreuses), flic surmené,
rebondissements et traque, mais le réalisateur nous laisse le temps
de réfléchir, et de respirer.
Le film est très
documenté, certaines scènes tellement incroyables qu'elles sont
probablement tirées du réel (on sait que la réalité est plus
incroyable que la fiction) :
- Guy Georges fait le récit d'un de ses crimes à l'enquêteur, sans pathos ni compassion (comme si je vous demandais ce que vous aviez fait hier soir). La bande son finit par devenir muette, le récit continue sans nous, pour souffler un peu, peut-être par pudeur aussi.
- En regardant les photos des visages des victimes mortes, l'enquêteur devine des mots dans leurs bouches, hypothèse confirmée par Guy Georges durant son interrogatoire, les victimes parlaient jusqu'à leur dernier souffle.
- La scène de la victime qui réussit à s'enfuir est tellement précise dans les dialogues, les intentions de jeu, que le scénario pourrait être le rapport de police. On est avec elle, menacé.
Pour autant, le film
n'est pas uniquement tourné vers l'enquête, on respire avec les
personnages dans Paris, on sent aussi le temps qui passe « dans
la vraie vie » avec d'autres temps forts des années 90 :
la voiture de Jacques Chirac vitre ouverte le soir de son élection
et son débonnaire « coucou » de la main, les attentats de saint
Michel. On prend aussi le temps de voyager dans les paysages de
Paris, sur les toits du 36 quai des orfèvres, tard la nuit...pas
tout à fait chez Woody Allen mais pas loin quand même, avec une
lumière sans cesse en accord avec les intentions du film.
S'il fallait terminer par
LA raison de voir le film, c'est Adama Niane qui joue Guy Georges,
pas de mots...travail d'orfèvre de comédien. Frédéric Tellier et
lui donnent à Guy Georges une humanité que la violence des images
de crime n'arrivent pas à contrebalancer. L'affaire S.K1 serait
presque un plaidoyer contre la peine de mort qui s'ignore.
C'est une histoire
d'Homme, une rencontre entre un cinéaste et un sujet, une petite
leçon de cinéma, deux heures intenses de Cinéma, de palpitations, de souffle retenu et de réflexion.
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