LE film de Noël de Ken
Loach.
Cinéaste dit social le réalisateur ne s'empêche ni le fantastique, ni le comique, c'est inattendu mais fonctionne.
Pourtant Ken Loach filme bien le Réel...mystère...
Eric Bishop est fatigué de la vie, postier et fan d'Eric Cantona, il est entouré de nombreux camarades mais sa vie affective est une catastrophe. Un regret le hante, avoir
abandonné sa première femme et sa fille. Seul, il élève ensuite deux beaux fils assez ingrats sans que l'on sache ce qu'est devenue
la seconde mère. Il fait ce qu'il peut pour essayer d'aller
mieux, trouve un paquet de marijuana sous les lattes du parquet de
son fils, et miracle du joint, Eric Cantona apparaît en coach
spirituel. La situation s'améliore mais le fils aîné
du postier est contraint par un ex prisonnier de planquer une arme chez lui. Quand la première tentative de meurtre est commise, le fils craque, veut rendre l'arme et demande
enfin à son père de l'aider. Il sera juste humilié. On a mal pour lui, mais jamais pitié. Entouré d'amis et de sa foi Cantonesque il réussit doucement à reprendre contact avec son ex femme. Leur fille, prouesse de motivation, est une jeune mère qui poursuit ses études et leur confie le bébé alternativement...forcés de se rencontrer, ils font remonter le passé, mais sans jamais
tomber dans le cliché larmoyant.
La pente se remonte doucement, on frôle parfois le Guédiguian tout en étant clairement en Angleterre, avec ses pubs, ses matchs de foot et sa bande de copains.
C'est pourtant bien un
film de Noël malgré tout, guidé par la foi et porté par des comédiens prodigieusement justes, humains (hormis Eric Cantona, mais
est-on comédien quand on joue la représentation de son propre
rôle?). Eric Bishop et ses camarades ne font pas abîmés, ils le
sont, ne font pas gentils, ils le transpirent. Le regard sur eux
est humble, aimant, jusque dans leur délire quand l'un d'eux
s'amourache de livres de psychologie pour aider les copains à aller
mieux. La séance de psychologie collective entre eux est une des
raisons de regarder le film, drôle, touchante. C'est
aussi l'histoire d'amitié qui va résoudre l'insoluble
problème de l'arme du fils, dans une séquence complètement
irréelle, presque burlesque, et pourtant Ken Loachesque.
Le film est vivant tout en travaillant le passé,
les remords, les regrets et l'Amour. Difficile de saisir
comment Ken Laoch s'en sort avec de tels sentiments pour ne pas faire
un film misérabiliste ou gnangnan. Il n'y est jamais, on est
accroché au personnage principal, juste jusque dans ses
souffles, sa peau, son visage. Il incarne le passé douloureux mais
debout.
Ce qu'il reste une fois
le film terminé : un maillot de foot rouge, un masque de
Cantona et un peu d'Amour.
On prend.
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