Des images et du son mais
un Cinéma différent, presque expérimental.
Miguel Gomes, réalisateur, choisit le format 4/3 et donne la
sensation de voir le film dans un écran de "récupération", comme dans une ancienne télévision que l'on trouverait et regarderait au fond d'un grenier, ou comme l'écran de nos souvenirs.
Le film est en noir et blanc plutôt
justifié et donne l'impression d'être sorti des limbes
du cinéma.
L'histoire est celle d'Aurora, une jeune
fille blanche élevée en Afrique. On la découvre d'abord
âgée, vivant au Portugal. Seule une gouvernante
noire et une voisine catholique pratiquante "prête à aider le monde entier" l'accompagnent. Juste avant de mourir, Aurora réclame de voir un certain Alter Ventura. Un long flash back débute alors en Afrique. C'est là que le film
prend sa saveur expérimentale, fascine doucement...
La bande son est un bijou de subtilité: la voix off qui raconte l'histoire prend le dessus, parfois un ou deux sons émergent du plan, comme une reconstitution sonore des souvenirs avec toute leur subjectivité poétique. D'ailleurs le film semble être cela, une tentative de reconstruction des souvenirs, de leur émergence.
La bande son est un bijou de subtilité: la voix off qui raconte l'histoire prend le dessus, parfois un ou deux sons émergent du plan, comme une reconstitution sonore des souvenirs avec toute leur subjectivité poétique. D'ailleurs le film semble être cela, une tentative de reconstruction des souvenirs, de leur émergence.
Tabou donne presque l'impression d'être un
photo-roman. Les plans fixes, parfois suspendus dans le temps, paraissent être des
photographies. Soudain, le paysage ou les personnages se mettent en mouvement, le cinéma retrouve son pouvoir magique initial et la
poésie qui se dégage de ces images devient indéfinissable. Il
faut accepter une nouvelle expérience du son et du regard, lâcher nos repères pour basculer dans les
personnages, l'atmosphère chargée de Temps, d'Espace et du poids de
l'Air.
On abandonne rapidement (trop) les premiers personnages,
Mme Pilar et la gouvernante. Leur présence donne cependant sa singularité au film, permet d'aborder une autre réflexion sur le dévouement, la
reconnaissance et le poids de la solitude.
Ce voyage en Afrique est étonnant, l'archéologie de l'histoire y prend des allures de conte, porte le poids de la culture africaine, la place de la musique des années 60. Aurora est un personnage trouble, sensuel, excentrique, son histoire l'est tout autant.
Il fait chaud, les plans de corps nus pourtant très peu nombreux laissent un goût sensuel, doux, rond et obsédant. Un étrange crocodile revient régulièrement, comme une menace ou une annonce, une âme qui sait déjà l'histoire.
Il fait chaud, les plans de corps nus pourtant très peu nombreux laissent un goût sensuel, doux, rond et obsédant. Un étrange crocodile revient régulièrement, comme une menace ou une annonce, une âme qui sait déjà l'histoire.
Un film vaudou qui hante.
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