Les grands esprits

L'aventure improbable d'un professeur du lycée Henri IV, agrégé de lettres classiques, muté à titre expérimental dans le 93 à Stains, au collège Barbara. 

Un pitch qui sent le cliché mais un film qui ne s'en suffit pas.

Oui les élèves sont chahuteurs, les professeurs un peu désabusés, mais Olivier Ayache-Vidal, réalisateur, prend soin de ne pas proposer un scénario caricatural, survole chacun de ses archétypes pour les amener ailleurs et propose un film simplement bon. 

Le regard de Frédéric Foucault, le professeur muté, est quelques fois colérique mais jamais méprisant. Sa rencontre avec Seydou, élève en difficulté mais surtout vif, tient l'enjeu du film mais là encore, pas de profil de sauveur, juste une aventure à vivre ensemble. Enseigner n'est pas simple, chacun fait ce qu'il peut sur le grand bateau de l'Education Nationale, mais vouloir le meilleur est à chaque fois récompensé.
Le scénario laisse respirer les personnages, même s'ils sont confrontés à tout ce que l'on peut imaginer sur le sujet, mais sans s'y appesantir, comme pour dire que le temps aussi peut faire ses effets, réparer.

Le film est souvent enthousiaste, positif, malin, car les élèves le sont et les professeurs aussi. Le scénario pose à chaque séquence un regard fin et léger sur l'échec, le partage, la naïveté, l'importance d'une parole échangée.

Le fil tendu pour ne pas tomber dans les clichés tremble quelques fois, mais le montage elliptique permet de mesurer que l'on n'est pas maître de tout, qu'en les laissant respirer nos vies peuvent aussi se construire de manière unique.

On peut verser une larme joyeuse et émue, envier le culot de Seydou au château de Versailles, retrouver le goût des exposés que l'on faisait en cours sur des grandes feuilles colorées.

Un film comme un bon moment, une succession de sourires, de personnages justement pensés. Tant pis si le Cinéma n'est pas toujours là, divertir intelligemment est aussi une qualité.


Commentaires