La nuit du chasseur

Film américain de 1955, noir et blanc soyeux, expressionniste et vénéneux.

Une histoire comme un conte.

Deux enfants pris par un secret : l'argent volé et caché par leur père pour les sauver de la misère et qu'il va payer de sa vie.

Le Méchant ou plutôt LA figure du Méchant, comme un diable séducteur, c'est Robert Mitchum, les doigts tatoués du mot Hate and Love. Premier paradoxe du film, c'est un diable prêcheur, et toute l'histoire oscille entre ces deux sentiers, le Bien et le Mal, l'allure de l'un qui déguise l'autre.

Le réalisateur Charles Laugthon fait un film pleinement américain : censure, crime, famille, femme à la fois scandaleuse et bienfaitrice, place de l'Eglise et de la morale...Le regarder est aussi un moyen de comprendre les racines du cinéma américain d'auteur, on pense souvent à Clint Eastwood, Quentin Tarantino, aux Frères Coen ou à Alfred Hitchcock. 
Le premier pour l'ancrage dans la mentalité américaine, l'opposition entre le Bon et le Méchant, la justice que l'on peut se faire soi-même, le second pour le plaisir de faire peur par le "trop de", les troisièmes pour les personnages hors du commun, caricaturaux et attachants, et le dernier pour son point de vue sur les femmes, créatures du Mal et du Bien.

On pense aussi à "La petite maison dans la prairie" et "Tom Sawyer", pour le monde de l'enfance, les décors et l'atmosphère de certains plans, quelques personnages aussi, l'épicière notamment.

Si le film ne vieillit pas vraiment, c'est qu'il reste un des plus touchants sur l'enfance, non pas ce qu'elle est, mais ce qu'elle vit, subit, ce dont elle aura toujours besoin.

Les ombres et lumières sont magistrales, inquiétantes et féeriques. "La nuit du chasseur" se regarde le soir, comme un film pour se faire peur, une boule à neige qu'on renverse inlassablement pour voir tomber la neige.

On quitte le film comme on ferme un livre de conte, le cœur palpitant, vivant de s'être fait peur.





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