Le bel âge

Claire, 18 ans, vit avec son-grand-père dans une bâtisse cossue mais abîmée, grande mais vide, patinée mais fragile, des contrastes qui résument à eux seuls les deux personnages et l'esprit du film.

Pauline Etienne rencontre Michel Piccoli. Le film est avant tout la rencontre de deux acteurs. La finesse du scénario offre de belles partitions dans lesquelles ils ne sont jamais concurrents. Piccoli est beau, fort, intense, Pauline est perdue, fragile et entêtée. Depuis que sa mère est morte, elle doit vivre avec ce grand-père qui l'aime mais qui avance aussi. Elle a l'avenir devant elle et ne voit rien, à lui, reste peu de temps et il n'y sacrifie rien.

En fil conducteur : la natation. Des plans d'apnée et de plongeons dont le montage produit un effet de poésie intense et de métaphore touchante.

La réalisation peut être maladroite : des plans tremblés et une lumière inégalement cohérente, un peu comme si le scénario avait été trop grand pour le réalisateur. Mais le film réussit une poésie de l'âge, une rencontre entre deux acteurs dont l'un n'a plus rien à prouver et l'autre tout, mais qui l'oublient pour incarner justement des personnages.

Les corps sont beaux, c'est une délicatesse de réalisation qui montre à quel point le film aime ses personnages. Le grand-père aime à regarder, toucher les corps et les peaux, Pauline assume son corps jeune, comme un défi pour déranger, s'incarner et se défier. 

Le film est gris-bleu, pas vraiment sombre ni lumineux, exigeant et dur comme la transition que vivent les deux personnages.

Laurent Perreau, réalisateur et scénariste (avec Juliette Soubrier) sondent les rêves de l'âge, les costumes trop grands que l'on veut nous faire porter et ceux invisibles que l'on porte, parce que notre histoire s'y est inscrite sans qu'on l'ait vraiment décidé. 

Un film qui réussit à faire sentir "la boule dans la gorge" de l'adolescence, quand on ne sait pas ce que l'on va être, quand les possibles nous perdent autant qu'ils nous tentent.

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