Martha Marcy May Marlene

Regarder ce film est une expérience de Cinéma. 

Celle qui ne peut se vivre que par l'écran. Dès les premières minutes le cadre impose son histoire avant qu'il ne se passe quelque chose. La dilatation du temps et la lumière nous happent, la mise en scène achève de nous prendre pour nous amener au-delà de l'histoire. Le réalisateur met toujours son personnage de côté dans le cadre, comme il est certainement à côté de lui-même, mal, décalé. Les transitions entre les plans sont autant de passages psychologiques impossibles à écrire et qui ne peuvent s'expérimenter qu'au cinéma.

Martha s'échappe d'une communauté dans laquelle elle s'était réfugiée après la mort de sa mère. Au bout de deux ans d'absence elle appelle sa sœur au secours. Celle-ci l'héberge mais les séquelles des traumatismes sont là, perdurent, envahissent, déforment sa perception. Martha, revenue à la "normale" ne sait plus ce qui se fait ou ne se fait pas, ce qui appartient à l'intime ou au collectif. 

Le réalisateur Sean Durkin explique qu'il tenait à ce que les mots "secte" ou "lavage de cerveau" n'apparaissent jamais dans le film. La communauté dans laquelle a vécu Martha lui a imposé ses règles, forcément traumatisantes, mais selon lui elles s'appuient sur des pressions psychologiques que l'on peut retrouver aussi dans une autre communauté appelée famille...le fil est ténu, le film l'interroge.

Martha perd donc ses repères entre communauté et famille, rêves et souvenirs. La caméra la perd tout autant dans le flou, l'obscurité, la mise au ban à l'intérieur du cadre ou la fragmentation des corps.

Le film est mené comme un thriller, on y est pris, fasciné malgré soi.

On est à la fois avec le personnage et le réalisateur, derrière et devant la caméra, incertain d'avoir vraiment compris l'histoire mais emporté dans une expérience sensorielle et psychologique, cinématographique. 

Bravo ou Merci.





Commentaires

  1. J'aime bien le sujet. J'ai une grosse curiosité sociologique qui monte. Mais ce qui m'attire le plus, c'est de découvrir la manière dont le réalisateur le mele, l'associe, le compare (?) a la famille.

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  2. C'est fait de manière très fine, la réflexion n'en est que plus pertinente. C'est le genre de film qui considère vraiment son spectateur, lui fait confiance. Bon film!

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