Sils Maria

Balade dans les cimes, voyage en cinéphilie.

Olivier Assayas (réalisateur) réussit à faire un film au propos très contemporain malgré des cadrages, une lumière et des plans datés. Impression paradoxale mais agréable de feuilleter un ancien album photos relatant une histoire contemporaine.


Étrangeté du film mais aussi son charme, le réalisateur infuse dans chaque séquence des hommages aux réalisateurs du passé, Murnau, Truffaut, Leone, Bergman, Hitchcock...


Un film comme une gamme de cinéphile mais aussi un voyage lumineux et apaisant dans les paysages suisses, à la recherche du "Serpent de Maloja" ; nuage magique et éphémère rampant aux aurores dans les creux de la vallée. Comme au sommet du monde, on contemple les tentatives de chacun pour y trouver sa place.

Juliette Binoche joue une comédienne, Kristen Stewart son assistante (rien que le casting fait figure du mélange des époques). Elles se rendent en Suisse pour une cérémonie hommage au metteur en scène et mentor de Juliette, Wilhelm Melchior. Durant le voyage, elle apprend le décès de celui-ci et Klaus Diesterwerg, jeune metteur en scène, lui propose de rejouer une pièce de cet auteur "Le serpent de Maloja".

Vingt ans ont passé, elle ne jouera plus le rôle de la jeune femme arriviste mais celui de la quarantenaire dépressive, suicidaire. Immersion dans le monde des actrices, le film est une analyse fine du jeu d'acteur, de la compréhension d'un personnage et de la relation des acteurs au monde, notamment via les réseaux sociaux, internet et autres écrans. Chloé Grâce Moretz, la jeune actrice faisant face à Juliette Binoche, incarne ce nouveau monde mais tous y contribuent, "googlisant", échangeant via de multiples écrans. La différence majeure étant que la seconde les regarde pendant que la première y vit.

C'est peut-être la première fois qu'un film saisit à quel point le téléphone portable est intégré, "ingérent" dans nos vies. Par moment, on a presque envie de dire aux acteurs d'arrêter de les consulter pour pouvoir suivre le film...

Pathétiques, superficiels et fragiles : nul n'est irremplaçable, on le savait, mais rares sont les films qui l'assument en montrant que le Cinéma, peut-être, peut le rendre supportable.



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