Ida

Un noir et blanc absolu.

Ida avance sous la neige, le couvent derrière elle...

Novice dans une communauté religieuse isolée de Pologne, Ida a quatre jours avant de prononcer ses vœux de pauvreté, chasteté et d'obéissance. Comme un temps de réflexion, la mère supérieure l'envoie faire connaissance avec sa seule famille, une tante qui habite en ville.

L'histoire se passe dans les années 60 et on comprend vite que les dix-neuf ans d'Ida font d'elle une enfant née pendant la seconde guerre mondiale, en Pologne. Sa tante Wanda complète le puzzle en lui apprenant qu'elle est juive...Toutes deux partent alors dans un village retiré à la recherche des corps disparus des parents d'Ida et d'un second enfant, probablement celui de Wanda.

Wanda, elle, est juge dans la Pologne communiste totalitaire, on la surnomme "Wanda la Rouge". La mort est pour elle une sentence comme une autre. Miroir d'Ida, elle porte une histoire commune mais a fait d'autres choix. C'est l'ange noir du film et sa dernière apparition, au bord d'une fenêtre, reste comme un plan qui résonne encore longtemps, le film terminé. Même dans les situations dramatiques le réalisateur aime ses personnages, protège son spectateur, c'est rare et ça fait du bien.

Les deux personnages féminins tiennent le film, un troisième s'y invite : le cadre.

Le réalisateur Pawel Pawlikowski construit ses plans comme des photographies : fixes, longs, les personnages y évoluent doucement, portés par la lumière et l'espace. De manière très (trop?) inhabituelle, il met souvent les corps et les visages au bord du cadre, comme si l'air autour était vivant.

L'histoire est lourde mais le film n'est jamais une leçon de morale ou de courage, il accompagne juste Ida dans sa foi. Une foi mise à l'épreuve par sa tante qui lui suggère de connaître, avant de les sacrifier, la richesse, la jouissance et la désobéissance. Wanda s'y est perdue, Ida en fera une force.

Le noir et blanc et le format du film (4/3, format des images télévisées anciennes ou des photographies des années 60) pourraient le faire dater, au contraire, ils le rendent intemporel : Ida et Wanda grandissent pendant quatre jours, nous aussi peut-être, en une heure et dix neuf minutes.





Commentaires