Some voices

Des voix, 

celles qu'entend Ray, celles qui le rendent un peu plus fou que la normale.

Parce que son médecin juge qu'il est capable de sortir de l'hôpital psychiatrique, Ray, la quarantaine, est accueilli chez son frère.

Retrouver une vie normale pour l'un, un frère malade pour l'autre : le film pourrait verser dans les clichés mais ce n'est jamais le cas.

"Some voices" est un portrait multiple. Comme un miroir, le personnage principal révèle la violence, l'étrangeté, mais aussi la banalité des vies de ceux qui l'entourent : finalement, ne sont-elles pas d'autres formes de folie acceptables, acceptées...
Le réalisateur Simon Cellan Jones filme celle que chacun porte en soi et la dose de "juste assez raisonnable" qui convient pour ne pas être interné. 

Pete, le grand frère de Ray, l'aime profondément sans le comprendre. Il l'aide, s'use et devient petit à petit funambule de sa propre vie. Ray rencontre aussi Laura et c'est pour lui une autre folie, celle de l'amour, dont la nuance est infiniment plus délicate. Leur histoire est belle, touchante, fragile, mais de manière insondable la maladie revient, l'emporte avec gravité et poésie.

La spirale est une figure qui envahit souvent Ray, puis ce sont les images et les sons du quotidien, ils deviennent des rappels, avertissements, prémonitions...les points de départ de son déraillement.

La prouesse du film est aussi dans son casting : ce personnage fou, c'est  James Bond. Daniel Craig joue Ray.

Grossi, bouffi, les yeux transparents et éclatés par les combats contre la folie, Daniel Craig est méconnaissable, incarné dans son personnage à s'y perdre. On pense alors à une autre folie, celle de l'acteur dans son rôle, comme une mise en abyme de la folie du personnage.

Miroir grossissant de nos comportements, le film est finalement une étude bienveillante des mouvements de la déraison.

En le regardant on a le même sentiment qu'en sortant une photographie usée de son portefeuille : alors qu'elle semble quelconque pour tout le monde,  on la garde précieusement, unique et fragile. 







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