Personnal shopper

Film décousu, expérience paranormale.

"Personnal shopper" est un film impressionniste dont le seul fil conducteur est un personnage, Kristen Stewart.

Elle est shoppeuse personnelle d'une célébrité, court d'une boutique à l'autre, d'un aller-retour éclair en Angleterre pour aller chercher une tenue à la traversée de Paris en scooter pour rejoindre les célèbres places...un remplissage du vide dans une vie bien fragile.

Maureen, son personnage, est aussi médium. Elle cherche un dernier signe de son frère jumeau, médium également, décédé d'une malformation cardiaque qu'elle a aussi. Elle est sur le fil de la vie, dans un moment où elle ne sait plus qui elle est.

Dans un esprit fantastique, elle reçoit des signes de l'au-delà ; dans sa vie réelle, elle est harcelée sur son téléphone portable par un homme mystérieux. Là aussi, prouesse du réalisateur, il inonde son film de discussions au portable tout en lui donnant une impression d'intemporalité.

Le film est une surface sur laquelle s'inscrivent les personnages, leurs vies semblent n'être que surface aussi. Olivier Assayas le réalisateur, court après le vide, l'absence.

L'ensemble est remarquablement bien construit quand on comprend que ce qu'il nous raconte est au-delà de l'écran, dans le regard de Maureen, "instabilité" est peut-être le mot qui le résume le mieux. Le film est un voyage dans ces moments fragiles où le sol semble s'effriter sous nos pieds, où la peur nous contamine.

C'est aussi une promenade en Cinéphilie, même si on a du mal à raccorder ensemble celles que convoquent le réalisateur. Le film peut paraître bancal, il a le charme du travail d'un artisan bien fait mais qui n'aurait pas réussi son objet.

Pourtant le film a une grâce qui emporte, une légèreté convaincante. On ne peut pas s'empêcher de sentir qu'Olivier Assayas est un conteur bienveillant.

Et ça fait du bien.