Saint Amour

Le saint Amour, un vin, un film de Gustave Kervern et Benoît Délépine.

Cohérent, simple, drôle et poétique.

Foutraque, un peu cru et quelques fois filmé à l'emporte pièce.

Les deux réalisateurs connaissent la France, pas celle d'en bas, elle n'existe pas, juste celle qui s'accroche à la terre avec fierté, au vin avec espoirs et désespoirs, celle qui est certainement la plus proche de l'humanité, du sublime au plus cruel. Artaud le disait, "Là où ça sent la merde, ça sent l'être". C'est peut-être la seule phrase à retenir de cet écrivain, quand l'Homme a besoin d'amour, il est fragile et prêt à tout. Et l'homme, souvent, toujours, en manque profondément, alors il sent l'être, est capable du meilleur comme du pire, du plus doux au plus douloureux.

Gérard Depardieu vient présenter un bœuf au concours du salon de l'agriculture. Son fils, Benoît Poelvoorde doit reprendre la ferme mais n'en a pas envie, il préfère être embauché à Jardiland. Il  meurt surtout de solitude amoureuse et envisage, pour sa seule semaine de vacances, de faire la route des vins...au Salon de l'agriculture. On ne comprend pas trop pourquoi, mais ils se retrouvent finalement, père et fils, à faire la vraie route des vins, accompagnés par un jeune chauffeur de taxi séduisant, un peu mythomane, Vincent Lacoste. Deux cœurs en peine (Vincent et Benoît), et un troisième meurtri, celui du père veuf, arpentent la France et ses curiosités. Le défilé des acteurs de cinéma venus supporter, encourager la déraison des coeurs : Izïa Higelin, Chiara Mastroïanni, Ovidie, Andréa Ferréol, et Céline Salette. Et Michel Houellebecq, "gueule assumée" du désespoir rempli d'espoir.

Un peu comme des sketchs successifs, là est la limite du scénario, on suit leur parcours à la recherche de l'amour et de la passion du vin. Et on l'aime ce parcours, forcément, on ne sait où :

- dans le geste-tic que fait Benoît Poelvoorde pour remettre ses cheveux en place et qui n'est rien d'autre qu'une caresse tout autant qu'une gêne, un manque d'amour,
- dans les appels rassurants de Gérard Depardieu à sa femme morte, qu'il joint encore sur son portable pour se confier ou juste entendre sa voix,
- chez Vincent Lacoste qui vise ce cinéma s'en s'y complaire ou forcer le trait, juste en étant l'autre facette d'une immense solitude amoureuse.

La bande son fait également entrer le cinéma dans le film, ambitieuse, juste, un autre voyage.

Ne serait-ce que pour le jeu de Benoît Poelvoorde, sans autre limite que celle de respecter l'humanité de son personnage et de nous la renvoyer, le film vaut bien les 1h41 qui nous font traverser la France, forte et bancale, celle de chacun, avec ou sans alcool.

On aurait pu se passer de la dernière séquence, mais après tout, comme pour les vins, c'est peut-être une question de goût.

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