Les chatouilles

Que peut le Cinéma pour une enfant violée?

Que peut la danse dans un corps atteint, un esprit révolté?

Andréa Bescond et Eric Métayer, proposent un film solaire, empli d'énergie.

Elle parle de son enfance meurtrie, en avait fait un spectacle de théâtre et derrière la caméra, elle en réussit la réalisation, très loin d'une illustration ou d'un biopic linéaire. 

Le film est riche de propositions de Cinéma : accompagnée physiquement par sa psy elle voyage dans ses souvenirs, frôle le surréalisme pour mieux respirer des situations difficiles, propose des plans dansés pour chercher une énergie, une expression impossible en récit.

Odette, comme le cygne du "Lac des cygnes", est une enfant qui veut être danseuse. Elle part à Paris, réussit le concours et devient danseuse urbaine, engagée dans son corps et perdue dans sa vie, entre dépendances et rage de vivre.

Il y a dans ce film un refus permanent de l'image difficile, du cru ou du choquant. Juste le parcours de l'envie de guérir, sans apitoiement et tout en force de vie, en combat contre soi, avec les autres.

Une justesse dans le casting, et une scène de pardon sans éclat, juste profonde, qui résonne encore longtemps l'écran éteint : un pardon à se repasser si besoin est, le cinéma existe aussi pour cela.

Le film a l'intelligence d'aller chercher le spectateur pour réfléchir, l'accompagner, sans jamais lui faire subir un enchaînement de faits ou un discours pré mâché.

La parole n'est pas LE remède, elle est un chemin. 

Odette adulte ouvre la porte à Odette enfant...ce que peut le Cinéma.