Je vous souhaite d'être follement aimée

Rien que le titre du film fait du bien.

Une traversée à la recherche d'une mère et un film tourné au bord, à Dunkerque, ville lumineuse et chaleureuse filmée par Caroline Champetier, chef opératrice. 

Elisa est une fille adoptée, adulte et maman d'un enfant. Elle veut trouver sa mère biologique et retourne à Dunkerque sa ville de naissance, pour faire des recherches. Les services sociaux ont retrouvé sa trace mais elle nie avoir eu un enfant, Elisa n'a donc pas accès à son identité. Elle s'installe alors à Dunkerque où elle effectue un remplacement de quelques mois dans un cabinet de kinésithérapeutes. Sa mère biologique est surveillante dans la cantine de l'école où Elisa a inscrit son fils.

Le film est d'abord un film de comédiennes, la silhouette fine, dense et forte de Céline Sallette et Anne Benoît, un bijou de rudesse et de douceur, un physique venu du Nord, doux et fort à la fois.

Le film évite une grande partie des écueils sur l'adoption pour se concentrer sur les maux du corps qui viennent quand on s'approche d'une vérité essentielle. Il est difficile de ne pas être reconnue par sa mère, peut-être encore plus douloureux de savoir, au final, qu'elle veut enfin vous voir.

Elisa retrouve sa mère biologique comme patiente du cabinet et les séances de massage entre mère et fille qui s'ignorent donnent au film tout son trouble et son infinie douceur, guérison. Les séances sont filmées au plus près de l'intensité du geste, du soin. Qui fait du bien à qui? Celui qui reçoit ou celui qui donne le soin? 

Le scénario reste perfectible, le film aurait gagné à rester encore plus près des corps et des peaux, des émotions et ressentis des personnages. Mais quel voyage en cinéma, en images... Un film qui caresse les images comme les peaux, soigne autant les yeux du spectateur que les personnages. Les flous et les nets sont comme des signaux de perdition, de retrouvailles, de doutes et de douleurs. Le film est doux, lumineux.

Et s'il reste un corps, c'est celui d'Anette, la mère d'Elisa, corps portant, aimant.

La réalisatrice Ounie Lecomte a fait un film précieux et délicat, incarné et sensible.

On souhaite à tous les films d'être aussi follement aimés par une caméra.

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