La religieuse

Le film est l'adaptation d'un roman de Diderot, 

Guillaume Nicloux, réalisateur, en fait une partition pour trouver son cinéma. 

Le film se regarde comme un film d'aventures, avec Pauline Etienne dans le rôle titre, Louise Bourgoin et Isabelle Huppert en mères supérieures, et c'est la machine "cinéma dans le cinéma" qui se met en marche. On a l'impression de regarder le réalisateur faire l'expérience d'une adaptation, presque en direct, tant le casting est convaincant dans sa volonté de jouer à faire semblant et de le montrer.

Suzanne, jeune fille entrée au couvent malgré elle, se voit contrainte d'y rester alors que le sentiment religieux l'a quittée. S'en suivent humiliations, perversions, chantage affectif...mais Suzanne/Pauline tient bon, et Guillaume Nicloux aussi. Pourtant, on ne le sent pas vraiment dans cette histoire, mais  presque davantage en train de faire un film sur cette histoire, de convoquer un casting pour le confronter à ses personnages, d'où l'impression de regarder une histoire qui se passe du sentiment de véracité pour donner au spectateur un sentiment d'aventures, celles des personnages, et du réalisateur.

Film sur une religieuse qui déroute car comme pour son personnage, la foi religieuse n'est pas dans le film, ou alors une autre, celle de vouloir être libre. Le réalisateur fait le même trajet que son personnage, il se cherche, proposant une adaptation dite fidèle sans y insuffler d'autre passion que celle d'essayer. Essayer de trouver le rythme, le plan, le jeu des acteurs...et de répondre à l'élan de liberté de son personnage principal.

Dans Valley of love, réalisé deux ans plus tard, on mesure le chemin parcouru et l'avancée du réalisateur qui continue d'explorer l'intangible dans une expérience qui n'est plus tout à fait une fiction ni un documentaire.

La religieuse est un film sur le cinéma d'un auteur à l'épreuve d'une adaptation, une formule qui libère de la narration puisque celle-ci est déjà créée. Elle lui donne  un terrain de jeux et d'expérimentations inégales.

Le film peut se voir comme un film d'aventures ou une étape de recherches de Cinéma, quand on aime le cinéma de Guillaume Nicloux, on savoure les deux.




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