Maguy Marin : l'urgence d'agir

Prendre au sérieux.

Prendre au sérieux les corps,

la danse,

l'art.

Maguy Marin, chorégraphe française, danse comme on trouve sa place au sein du collectif, avec un engagement politique puissant : trouver scandaleux de ne proposer sur scène que des corps jeunes, compétitifs et beaux.

Chez elle on danse autrement, le visage recouvert d'argile, les yeux noircis, avec de la poussière et des bruits, des corps aimants, vivants. Ou encore en habit du quotidien, quelques fois nus, avec une énergie précise, rigoureuse et des corps infiniment présents.

Un parcours de vie rugueux, dense, qui laisse ouvert le pouvoir au collectif et à l'individu. Une utopie de la danse, point de rencontre de l'être et de son corps, de la société et de l'humain.

Le film est un documentaire réalisé par son fils, David Mambouch, sur cette tentative, "Prendre au sérieux", simplement.

Et l'on parcourt les restes d'un rêve, celui du vivre ensemble : un centre d'art, RAMDAM, qu'elle a créé à Sainte-Foy-lès-Lyon. Des restes vivants, humains qui montrent que c'est possible, fragile. 

Si le film réussit une chose, c'est transmettre cette exigence. Prendre au sérieux et tenir debout, les pieds dans la poussière.

Comme l'écrivait Artaud : "Là où ça sent la merde, ça sent l'être",  Maguy Marin travaille en ce sens, avec l'acceptation que l'un ne va pas sans l'autre. Elle a rencontré Samuel Beckett aussi, et timidement, elle dit : "Je pense que je me serai bien entendue avec lui, que j'aurais pu en être amoureuse".

Maguy Marin fait une proposition de danse parmi d'autres, elle peut heurter, susciter le doute ou l'incompréhension, c'est Une place qu'elle assume, sans jamais revendiquer être un exemple.

Le film est une bouffée d'exigence, de profonde liberté.






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