Merci pour le chocolat

Un film de Claude Chabrol, un poison lent.

Un décor bourgeois, des habits chics, des métiers CSP+ et des filiations troubles : une loupe grossissante sur les noirceurs de l'âme humaine, expression pompeuse mais à entendre avec le rire de Claude Chabrol en écho.

Parce que, après tout, ce n'est que du cinéma, ce n'est pas tout à fait vrai. On se rassure comme on peut...

Claude Chabrol se régale de ses personnages pris dans leurs propres pièges, jamais totalement méchants, victimes consentantes du sort, du destin, d'un héritage à porter, d'un rang social à conserver.

Mika épouse de nouveau son ex mari, un grand pianiste, André Polonski. Celui-ci  a eu entre temps un enfant avec la meilleure amie de Mika, morte depuis dans un accident de voiture. Jeanne, jeune pianiste douée, apprend que le jour de sa naissance est aussi celui du fils du grand pianiste, et l'infirmière, à court de bracelet aurait mis les trois premières lettres de leurs noms dessus, Jeanne s'appelant Polet et l'autre enfant Polonski, une confusion a peut-être eu lieu. Jeanne va rendre visite à André Polonski, ils se trouvent un point commun décisif, le piano. Les cartes sont redistribuées et Mika, jouée par Isabelle Huppert, tisse une toile implacable, incompréhensible, tant les actes et les passés sont troubles. Claude chabrol n'en savoure que plus ses personnages en perdition mais la face toujours sauve.

Le film est un exercice de dentelle cinématographique tant les dialogues et les plans sont ciselés, troublants. Chabrol est un chat qui s'amuse avec sa proie, la relâche, la reprend.

Il y a aussi du Rohmer dans ce film, les corps sont doux, gracieux. 

C'est un film jubilatoire qui met à l'épreuve la capacité du spectateur à être bon. La première séquence achevée, comme dans un cluedo, on imagine les pires choses, on se surprend à les penser. Tour de force de Chabrol...qui, on le sent, se moque aussi de nous. 

C'est un conte cruel, mais un conte ce n'est pas vrai...c'est du cinéma.





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