L'homme qui tua Liberty Valance

Un noir et blanc, 1962, John Ford.

Un classique du cinéma américain, western quasi familial et en huis clos.

Il y a dans ce western calme, oxymore possible, un voyage quasi philosophique dans les rapports qu'entretiennent force et loi.

Dans une diligence, un jeune avocat se fait dévaliser et battre par Liberty Valance, puissant bandit de la région. Hébergé dans une famille de restaurateurs, il va leur donner un coup de main pour rembourser les soins qu'il reçoit, aider la jeune femme de la maison à apprendre à lire et ouvrir une école, s'investir dans le journal de la région et finir sénateur. In fine, il se promet de faire condamner Liberty Valance par des moyens légaux et non par les armes à feu, pourtant loi dans la région.

Le secret du film étant dans une autre formulation du titre : "Qui a tué Liberty Valance?". Le récit passionnant de cette histoire par les scénaristes s'inscrit dans une époque où le cinéma est d'abord une histoire qui se raconte, un spectateur que l'on attache à son personnage et à ses aventures. 

Pourtant, le film est aussi une réflexion fine et riche sur la constitution de l'ordre dans les états américains, le poids de la culture, les rapports entre pouvoir et force, légende et réalité.

La réflexion sur les amours contrariées, la jalousie contenue, font que l'on regarde les personnages davantage penser, ressentir, bien qu'étant dans un western, et l'émotion affleure souvent là où on ne l'attend pas.

John Wayne, James Stewart et Vera Miles (que l'on retrouve tous deux chez Hitchcock) appartiennent aux figures du Cinéma, aussi le film est un voyage dans l'histoire du cinéma américain, celui qui réfléchit son peuple, son Histoire, tout en faisant du Cinéma lui-même un morceau d'Histoire.

C'est un film de cinéphile mais aussi un film américain comme on dirait un film africain, ancré dans son territoire.

Une petite leçon d'Histoire, un manuel de scénario et d'idées de cinéma, ou...

comment réussir à émouvoir le spectateur avec une vieille paire de bottes.

Un film de coin du feu, que l'on referme comme un conte philosophique.









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