Hors normes

Un film lumineux et bienveillant.

Eric Toledano et Olivier Nakache filment l'autisme et sa prise en charge dans des instituts non conventionnés.

Vincent Cassel et Reda Kateb jouent les encadrants. A leurs côtés, plusieurs jeunes font du 1 pour 1 avec les autistes, c'est à dire 1 encadrant pour 1 autiste.

La force du film est dans la mise en scène toujours infiniment pudique et respectueuse des jeunes autistes filmés tels des personnages de cinéma, dans une lumière englobante, douce, sans pour autant épargner les crises de violence subites.

Dans la maison de Josef, jeune adulte autiste, une banderole est affichée sur le mur "Si tu tapes ta mère tu ne verras pas Bruno". Bruno c'est Vincent Cassel, l'encadrant préféré de Josef. La force de cette idée scénaristique simple pose tout le paradoxe du film, des situations difficiles pourtant non dénuées de comédie.

Le film est fin, tolérant. Il y a des noirs, des arabes, des juifs, des voilées, non voilées...un vivre ensemble comme une évidence, enfin un autre regard posé sur la réalité, celle qui fait ce qu'elle peut, avec la force de croire qu'ensemble on arrive à épargner à ces enfants les médicaments qui assomment, les liens qui attachent au lit pour la journée, les automutilations...

Pari  également réussi pour que se pose la question "Qui a besoin de qui?"...ces jeunes encadrants ont autant besoin des autistes pour trouver leur colonne vertébrale, leur place dans la société que les autistes ont besoin d'eux pour intégrer une vie quotidienne "normale".

C'est aussi un film d'aventures, d'émotions fragiles et une comédie douce.  Le montage relève plus du collage que de la fluidité narrative (seule l'histoire du jeune Dylan crée une sorte de trame romanesque) mais le kaléidoscope de situations est aussi agréable à regarder; il aide à comprendre la complexité et la multiplicité des situations liées à la prise en charge de l'autisme.

Des autistes participent au film et le mélange habile, cinématographique, entre fiction et documentaire permet à la fois de s'immerger et prendre du recul sur un sujet difficile, d'être pris dans l'émotion tout en souriant souvent.

La musique est remarquable, travaillée comme un signal, une sorte de tintement magique. A chaque fois elle cloue le spectateur dans son émotion, comme un signal de détresse, de violence, d'inquiétude ou d'entrée dans un autre monde. Parce qu'on la dirait venue d'ailleurs, d'un "inexplicable", on se dit que peut-être les autistes la ressentent comme nous et le sentiment de partager alors un peu de leur monde devient très troublant.

5% du billet d'entrée est reversé aux associations représentées dans le film, on le découvre au générique : une sorte de pudeur supplémentaire qui reflète bien l'esprit du film et de ses réalisateurs.



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