La fille de Brest

Inspiré du livre d'Irène Frachon sur le scandale du médiator, Emmanuelle Bercot propose un film qui respecte tous les codes du film d'enquête, un quasi thriller.

Comme souvent chez la réalisatrice il n'y a pas d'hésitation à faire "vrai", ainsi, l'histoire se passe dans le milieu hospitalier et il y a deux séquences insoutenables : la première à l'hôpital où le personnage d'Irène Frachon vient prendre des photographies lors d'une opération, chairs ouvertes, outil pour les écarter...et la seconde, une autopsie, là aussi filmée très crûment avec un dialogue technique très réaliste. Hormis ces deux séquences pendant lesquelles on peut passer le regard en "vue floue", le reste du film raconte de manière très concrète, claire et précise l'enquête, tout en faisant le portrait d'Irène Frachon. Sidse Babett Knudsen l'actrice qui l'incarne est surprenante, elle a un petit côté Louis de Funès et porte le rôle avec ce qu'il fallait de conviction et de légèreté vivante.

La réalisatrice l'a dit, elle a regardé beaucoup de films de procès, "Erin Brockovich" notamment et il y a effectivement dans le sien  tous les codes. Le film permet de mesurer pleinement les arcanes du mauvais pouvoir, des pressions et des bassesses mais également, quelques fois, des personnages convaincus que la santé s'adresse bien à des patients et non au lobby des entreprises pharmaceutiques. Aussi, le film est fort, tendu, très agréable à regarder mais ce n'est pas pour autant, et cela ne semblait pas vouloir l'être, un film de cinéma innovant ou plastiquement investi. Il fait partie des belles aventures contemporaines à suivre.

L'énergie du personnage d'Irène Frachon renvoie aussi à l'énergie impressionnante qu'il a fallu à Emmanuelle Bercot pour porter ce film tel un Titanic, mais à bon port. L'énergie qu'elle déploie derrière la caméra est presque tactile. 

Un film à regarder le soir, comme une plongée troublante dans le réel et qu'on laisserait ensuite infuser la nuit, avant d'aller regarder où en est l'affaire, elle, bien réelle.


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