Tirtha

Un moyen métrage de 25 mn réalisé en chorégraphie de Maguy Marin (la phrase est maladroite, mais c'est probablement la plus juste) et qui fait penser à ces films de science fiction des années 80 avec leurs effets spéciaux bricolés bluffants...les fourmis géantes, les créatures des séries japonaises, "L'homme qui rétrécit"...

Un exemple de voyage en Cinéma qui fait reprendre goût au temps, à l'Art et aux mille façons de regarder le monde. Un film qui redonne vie au regard du spectateur ; celui qui cherche à construire les images, les observer, à y déceler la puissance des matières, le pouvoir des corps, des sons...

Le film est un paysage-corps, une expérience visuelle et sonore fascinante autant que déconcertante où les habitants des bords de mer ne sont pas forcément ceux que l'on croit, ou plutôt sont aussi ceux que nous étions.

Les plans sont d'une matérialité envoûtante, rares sont au cinéma les moments pendant lesquels on peut  se sentir aussi près d'un ailleurs, d'un lointain, s'y sentir familier tout en ayant la sensation de remplir son regard du plein de vie que nous transmet la chorégraphe Maguy Marin.

Une précédente chronique avait été écrite sur le documentaire qui lui était consacré en 2019 "Maguy Marin, l'urgence d'agir", et ce film est une autre facette de son travail, déroutante du point de vue du cinéma et profondément incarnée par sa danse. Réalisé en 1985 le film est un plongeon dans la rugosité précieuse de son travail...mais comment peut-on être aussi juste, aussi simple, aussi inventive à partir d'un regard posé sur un bord de mer. L'Homme est le fondement de son Art, sa vie, un exercice pour tenter d'être debout, d'agir. Maguy Marin dessine sa danse comme Giacometti sculptait, en mettant ses mains dans la matière, en la creusant de ses doigts pour y saisir une forme jamais arrêtée, aux empreintes puissantes, à la matière irrégulière, torturée et adoucie à la fois. Il est des films que l'on regrette de découvrir sur petit écran, celui-ci en fait partie, il provoque l'aventure de la salle, du face à face avec le spectateur...une potentielle grande expérience à susurrer à l'oreille des diffuseurs.

Le film est la croisée de deux mondes qui n'ont peut être fait qu'un, l'homme et l'animal. Tirtha pourrait signifier tout lieu où la terre et l'eau se rejoignent, les corps faisant liens.

En 1985, en Calabre, la réalisatrice embarque Daniel Ambash, réalisateur, dans une aventure de danse et d'images édéniques, inquiétantes, séduisantes autant que troublantes.

On pense également à Kubrick et son "2001 Odyssée de l'espace", à "Zabriskie point" d'Antonioni aussi.

Un film comme un rêve d'enfant, comme une envie de mettre un 45 tours dans un mange disque et d'écouter les premiers grésillements, juste avant la chanson.

Une pépite trouvée sur le site internet ci-dessous : 

https://www.numeridanse.tv/videotheque-danse/tirtha?s



Commentaires