Tendre Poulet

Il est des films que l'on rencontre par hasard, assis devant la télévision et qui nous attrapent en moins d'une minute. 

Des miracles de cinéma qui font que fond, forme et histoire font résonner en nous une madeleine inconnue, ici, les années 70 du cinéma français, le duo Philippe De Broca et Michel Audiard.

Il y a la 4L, les cars de police vintage désormais et...Paris...

Paris sous pellicule, avec une lumière qui n'appartient qu'à son époque, solaire, chaleureuse, et qui sonne infiniment faux, le faux d'un cinéma que l'on aime aussi, celui qui ouvre une parenthèse bucolique à l'imagination, chaleureuse, dans une histoire de meurtres où pourtant, rien n'est à craindre.

On retrouve également un duo d'amoureux, Annie Girardot et Philippe Noiret, couple soit disant improbable du côté du scénario mais parfaitement crédible. Rares sont les voyages d'amour filmés aussi justement, c'est une seule séquence du film mais elle en vaut à elle seule le visionnage. Lui, professeur de grec à la Sorbonne, elle, mère séparée, flic bon chic bon genre qui essaie pendant tout le premier tiers du film de cacher son métier. Femme flic cela impressionne, fait peur en 1978 (date du film) et Michel Audiard cisèle pour elle des dialogues pointus, précis, à la fois misogynes et terriblement libres.

Rares sont les films qui bénéficient d'une telle grâce, c'est léger, ensoleillé, dynamique et charmant, jusque dans les décors oscillant entre le rose et le vert, presque bonbon, et les personnages secondaires sont de parfaites caricatures ; ils sont "Cinéma", comme on dit parfois d'une connaissance un peu extravagante "Quel cinéma!". Celui du faux, du léger, mais profondément ancré dans un sujet qui deviendra quelques années plus tard plus explicité : la place des femmes dans la société.

Tout est dit dans les dialogues, joué dans des situations presque burlesques.

Les figures les plus populaires de cette époque y sont, fans des films populaires de la fin des années 70 début 80 ("Les sous-doués", "Hôtel de la plage", "Inspecteur la bavure"...), tous les seconds rôles de l'époque y sont et c'est un régal de partager avec eux cette histoire farfelue qui n'est que prétexte à visiter Paris, suivre une histoire d'amour maladroite et touchante, tout en prenant au passage quelques réflexions féministes pertinentes.

La première séquence du film en est le résumé, gros plans dans une pâtisserie sur une succession de gâteaux plus gourmands les uns que les autres et une question essentielle : pour une fille, fallait-il choisir des bougies roses ou bleus...

Un film confiserie, pas sérieux mais parfaitement équilibré, cohérent...écrit et tourné avec un enthousiasme palpable et communicatif.

On éteint les lumières, on allume la télé (soyons raccord avec l'époque), et on savoure.






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