Le chant du Styrène

Un défi documentaire réalisé en 1958 par Alain Resnais.

13 minutes poétiques dans une usine de polystyrène, pour raconter...le polystyrène. Un film de commande des usines Péchiney pour promouvoir l'industrie chimique.

Raymond Queneau au texte, Pierre Barbaud et Georges Delerue à la musique. Le cinéma n'est donc pas dans le thème, mais bien dans la rencontre entre l'image, le son et un artiste.

Des plans, des mouvements qui ont tout compris de la captation du spectateur, de sa capacité à le faire voyager dans d'autres univers à partir du moment où on le guide avec enchantement.

Enchantement du mouvement, de la couleur, de la forme et de la musique. Ou, comment comprendre que la poésie n'est pas dans le sens mais dans les sens.

Il y a des machines, de l'espace, de la lumière et des plans presque abstraits pour...une recherche ontologique de ce matériau. Son ontologie se transforme en celle du cinéma qui n'est après tout, et c'est là son pouvoir, que de la forme, de la lumière, de l'espace, du son et du mouvement. 

On pense aux films de cinéma pur des années, du "Ballet mécanique" de Fernand Léger et Dudley Murphy aux films de Germaine Dulac. Trente ans plus tard, avec cette fois-ci la couleur, on voyage dans cette lumière si spécifique des années 50 qui brille de toute sa superficialité assumée...comme celle du "styrène".

Le défi est dans la poésie, la visite d'une usine aux couleurs de prouesse chimique, en écho à celle que fût la rencontre entre la lumière et la pellicule.

Une capsule d'insouciance cinématographique et de second degré pour défier l'attendu, le commun.

Une minute quarante d'introduction comme un hommage magique au film d'animation.

Et l'on retombe en enfance.

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