Empty Places

Un film d'animation de 8mn30 réalisé par Geoffroy de Crécy, sur la sonate numéro 14 opus 27 de Beethoven, la même qui guidait les adolescents du film "Elephant" de Gus Van Sant. C'est dire si le vide et Beethoven s'entendent bien pour poser l'humain à sa juste place, dans le vide auquel il est soumis, duquel il essaie de s'échapper mais qui inévitablement le rattrape, et tant mieux si dans ce temps on rencontre des films comme celui-là.

Un univers graphique un peu pop, léché, pas très loin de celui de Chris Ware. 

Une méditation sur le monde que nous avons créé et que nous croyons voir, de loin, de près, sans pour autant mesurer à quel point il pourrait résonner du manque de l'homme.

Un univers dans lequel le mouvement n'est plus que celui des machines, le plus souvent circulaire, empêché ou en attente, justement, de notre présence.

Le film est touchant comme une madeleine de Proust qui reviendrait sur ces espaces normalement habités par l'homme mais qui, là, tournent à vide. L'impression de contempler ce que l'humanité a été capable de faire : de la prouesse technologique à la futile prouesse...peu importe, l'homme a mis sa patte sur le monde, il aura essayé, même si le vide laisse présager qu'il a disparu, sans violence.

L'homme s'en est allé et cela ne tourne plus très rond non plus, les machines nous réclament, un peu, et c'est là toute la poésie du réalisateur.

La musique est en adéquation parfaite avec ce sentiment de recul, de plénitude : après avoir tant fait, l'homme se repose, il n'est plus là. 

Un moment de poésie ludique aussi quand on comprend comment le champ et le hors champ appellent le spectateur, le font entrer en Cinéma.

Reste la porte de l'ascenseur qui n'arrive pas à se fermer...comme si la machine n'arrivait pas à se résoudre à notre absence. Le pouvoir du cinéma, ou, comment réussir à faire venir les larmes aux yeux avec une porte qui refuse de se fermer.

Allez, on s'assoit, on regarde et on écoute : les machines ont des choses à nous dire.


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